Révélation(Glace)

« Plaisir d'amour ne dure qu'un moment, chagrin d'amour dure toute la vie. »

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Beau jour d'été, apporte-moi joie de vivre et richesse, s'il te plaît ...
Beau jour d'été, ne pars jamais pour un bonheur infini, s'il te plaît ...
Beau jour d'été, soit clément et aide-nous ...
Beau jour d'été, fais ton devoir.

Le soleil brillait avec ardeur, réchauffant tout les habitants de la verdoyante forêt de Cerfblanc. Un beau ciel bleu azur qui avait chassé tout nuage fauteur de trouble planait, faisant contempler sa belle couleur si naturelle, et si belle.
Rivière qui coule apporte poissons en abondance. Ciel d'été clément, ne fait pas subir d'intempéries aux habitants de la forêt. Arbres si vieux permettent une bonne oxygénation aux êtres vivants. Soleil radieux se doit d'éclairer toute parcelle d'ombre le jour. Soleil rayonnant doit répandre sa chaleur partout. Non. Pas partout.
Plongée dans la pénombre de sa tanière, la chef du clan de l'Ombre semblait regarder un point fixe dans le vide de ce qui se tenait devant elle. Rien. Sa tanière se limitait à son petit coin confortable en mousse, et éventuellement un petit tas de grandes herbes pouvant lui servir de "bulle à elle". Tout allait pour le mieux, le clan semblait s'être remis de ces derniers évènements, et le nouveau lieutenant faisait son travail à merveille. Mais combien de temps cette paix durerait-elle ?

Etoile de Glace se leva, et lentement, sortit de sa tanière et gagna la pile de gibiers, pour prendre un petit casse-croûte le matin, comme à son habitude. Un petit mulot tendre, un minuscule lapereau, ou bien une petite pie ? Elle mangeait peu le matin, et elle hésitait bien entre ces trois petites prises. Puis finalement, après un court instant de réflexion, elle jeta son dévolu sur un petit merle. Un petit regard alentour, chaque chat mangeait déjà avec un ou deux autres compagnons, elle ne voulait donc pas s'incruster. Puis elle aperçut Eclat de Coton, dévorant sa proie en deux trois bouchées. Ce dernier ne lui accorda pas un regard, ou bien il l'évitait. Ne voulant pas manger seule dans le camp, elle se résigna alors à manger dans l'obscure de sa tanière.

Mmm ... L'oiseau était tendre et frais. Se léchant les babines, la belle chatte enterra les restes de son repas et se fit consciencieusement la toilette. Puis elle sortit de la tanière, chacun était attelé à sa tâche, et la belle chatte remarqua l'absence du lieutenant. Peut-être était-il parti en patrouilles ou en chasse, mais ce qui l'intrigua, ce fut le fait qu'il soit parti seul. Curieuse, elle n'hésita même pas, et commença à le traquer. Elle connaissait parfaitement son odeur, n'eut aucun mal à suivre sa trace.

Eclat de Coton était allé loin. L'air refroidissait à mesure que la féline blanche avançait, et s'enfonçait vers les profondeurs des terres de l'Ombre. Brr ... cela devenait de plus en plus sinistre ! Elle regarda devant elle, et constata qu'elle était arrivée au marais. Scrutant chaque endroit de ce lieu qu'elle n'aimait pas tellement, elle finit par discerner son ami au pied d'un arbre, comme ce jour où lui, l'avait trouvée assoupie au pied du grand chêne. A pas légers, elle s'approcha de lui, bien apparemment, il l'avait senti venir, et ne sachant que dire, elle se contenta de lui donner un léger coup de patte sur la tête. Un coup de patte qui signifiait qu'est-ce qu'il faisait là.

Bien sûr qu'Etoile de Glace comprenait. Elle comprenait le fait d'avoir un endroit fétiche, un havre e paix et de tranquillité. Ce qu'elle comprenait moins, c'était le comportement d'Eclat de Coton. Exaspérant. Etait-il vraiment un guerrier du clan de l'Ombre ? C'était parfois à s'en demander. Se sentant tout de suite indésirée, elle fronça les sourcils et renifla d'un air méprisant. Elle dit alors d'une voix trainarde :

« Bon bah … On t’revoit au clan ce soir … »

Et la belle chatte se retourna, puis partit à pas lents et lourds vers le camp. Déçue, elle devait sembler presque pitoyable avec sa queue à peine redressée et ses oreilles pratiquement rabattues. Le comportement de son ami lui avait semblé … jmenfoutiste.
Comme d’un orgueil ou d’un air hautain mal placé.

Etoile de Glace sourit à l'idée que le guerrier s'installe à côté d'elle, mais elle ne fit pourtant rien pour le retenir, quand il se redressa aussitôt. Elle ne chercha plus à le suivre du regard, sentant, sachant qu'il tournait autour d'elle tel un aigle cherchant une proie. Belle métaphore, mais peut-être peut appropriée pour l'instant présent. Enfin ... qui sait ?

La belle chatte fixait le ciel à s'en crever les yeux. Pas moyen de faire fixette sur un seul petit nuage, ne serait-ce un cirrus. Puis Eclat de Coton se mit à bredouiller, mais elle n'eut aucun mal à le comprendre. Elle lui lança un petit regard, et brisa alors de sa voix le petit silence qui s'était installé :

« Je t'écoute. »

Une bouffée de chaleur envahit le corps d'Etoile de Glace. Ils avaient bel et bien tourné autour du pot. Elle s'était parfois demandé si c'était de l'amitié, si c'était plus que ça, de l'amour. Elle s'était demandé ce qu'Eclat de Coton pensait d'elle. Et finalement ... pensaient-ils la même chose ? Il l'aimait ... l'aimait-elle ? Le guerrier grattait avec nervosité ses griffes, le regard plongé dans un or indécis. Elle ne pouvait rester sur un guerrier dont elle n'avait plus aucune nouvelle depuis déjà bien longtemps. Et elle savait qu'au plus profond d'elle, elle avait besoin de quelqu'un pour qui aimer. Le grand amour.

Etait-ce lui ? Ou serait-ce juste une amourette ? La folie avait quitté son cœur, et le sérieux avait regagné sa place. Elle voulait que ce ne soit pas juste une amourette. Mais cela entreverait peut-être ses devoirs de clan aussi. Un statut amoureux ? Et si ... et s'ils avaient ensuite des chatons ? Compliquées deviendraient les choses ! Quoique, qu'importe, puisque le lieutenant accomplissait son travail à merveille, elle pouvait se permettre de lui léguer son rôle un petit moment. Vraiment ?

Les pensées défilaient par centaines, chaque seconde lui semblait une éternité, et plongé dans cet émeraude d'espoir, la belle chatte ne savait que dire. Lui déclarer sa flamme aussi ? Que faire ? Que devait-on faire dans les situations comme celle-ci ? Mais elle le savait, elle devait l'avouer.
Elle le désirait ...

Presque émue aux larmes par l'émotion, la jeune féline se redressa vivement, et sauta au cou d'Eclat de Coton. Les deux chats firent quelques roulés-boulés avant de s'arrêter, et elle s'allongea, puis murmura tout doucement à l'oreille du mâle :

« J'ai perdu tout le temps que j'ai passé sans t'aimer ... »

Le doux parfum d'Eclat de Coton envenimait ses narines, picotait sa fourrure. Etait-ce là pourtant, un amour impossible par ses devoirs de chef ? Pouvaient-ils se permettre de se fréquenter ainsi ? La question revenait sans cesse dans la tête de la femelle, et son sourire s'affaissait, se transformant en sourire crispé. Non pas crispé, plutôt triste.

Etoile de Glace lécha à son tour la tête du guerrier, et soupira. Pourquoi tourner autour du pot, pourquoi cacher la vérité ? Elle ne voulait pas briser leur fragile relation avec ses responsabilités, mais elle ne voulait guère non plus se laisser aller. Courir après tous les bonheurs de la vie révélait bien une déception ensuite. Et ce serait peut-être le cas. Oh mais ... pensait-elle de façon pessimiste aussi ?
La réponse autant que la question l'intriguait, mais elle ne voulait pas savoir. Elle faisait parti de ces gens qui s'enferment dans leur bulle, qui avancent dans la vie en fermant les yeux sur la misère de certains, fermant les yeux sur tous les problèmes qu'offrait la vie bien instable.
Pleuvait-il ? Ou avait-elle une vue qui se brouillait ? La féline se haïssait d'être ainsi, d'être aussi aveugle volontairement. Elle s'en voulait, mais c'était plus fort qu'elle.

La belle chatte blanche regardait passivement une petite fourmi traîner de toutes ses forces un reste de ver de terre sans doute. Déchirée entre deux choses qui lui comptaient bien cher, que pouvait-elle faire ? Les yeux toujours rivés sur le sol, elle quémanda l'avis de son ami :

Tu crois vraiment que cela peut marcher entre nous ?