{ Présumés-vols ~ Patrouille ~

Ça y est. Ils avaient enfin trouvé lieu qui leur donnerait asile. La forêt de Cerfblanc.
Arrivant depuis le Chemin du Tonnerre, du côté de la ferme de Gerboise, les trois chats continuèrent leur route, droit devant, longeant prudemment la route d’Asphalte. Puis, ils s'étaient arrêtés à côté des falaises qui en réalité, appartenaient au clan du Vent, et ont passé leur première nuit dans les Grandes Herbes des terres de la Rivière. Se restaurant tranquillement à la Rivière, ils passèrent le gué, et continuèrent droit devant. Les Quatre Chênes, une petite restauration, et finalement, ils retournèrent en arrière, pour découvrir les terres qu'ils avaient aperçu à côté. Une jolie combe sablonneuse les accueillit, leur offrant hospitalité pour une deuxième nuit. Ce ne sont pas des flemmards, car le lendemain, ils repartirent vers le nord, et trouvèrent un astucieux tunnel leur permettant de traverser ce chemin d'asphalte où les voitures roulaient particulièrement vite. Ils arrivèrent sur les terres de l'Ombre.

Longeant ce petit fil d'eau, les trois comparses s'arrêtèrent quand ils aperçurent une petite maison, après une longue marche ininterrompue. Là encore, ils chassèrent pour manger à leur fin, et repartirent vers on ne sait où. Puisqu'effectivement, en plus de laisser quelques os et quelques charognes -des traces qui bientôt, ne laisseraient pas les clans indifférents-.
Plus aucune trace de ses inconnus n'aura été retrouvée ...

Etoile de Glace fronça les sourcils, subitement inquiète. Cela faisait déjà un certain temps qu'ils s'étaient séparés, Nuage d'Or devait normalement déjà être revenu ! Ou était-il donc ? Elle n'en avait aucune idée. Elle lâcha d'une voix rauque :

Pareil, trois chats mais les pistes se sont arrêtées.
Par contre, pour Nuage d'or, aucune idée.

La belle chatte n'attendit pas de réponse de la part d'Eclat de Coton, et plaqua son museau contre le sol. Elle n'avait autre choix que de le pister. De légères brises effleuraient son pelage et l'empêchait au passage, d'entendre des bruits moindres comme ceux d'une souris se déplaçant discrètement dans l'herbe. Elle se rendit compte que le jeune chat tournait en rond. Ne lui avait-elle pas pourtant déjà montré les territoires et leurs limites ?

Le temps s'écoulait, et Etoile de Glace ne retrouvait pas le jeune. Elle se rendait à peine compte qu'elle courrait à présent. Elle cria alors à pleins poumons dans le silence anormal de la nature :

« NUAGE D'OR ? »

Le soulagement total envahit le cœur d'Etoile de Glace. Des films avaient commencé à se former dans sa tête. S'il avait été enlevé ? Ou bien tué ? Ou bien blessé ? Elle n'osait imaginer plus. Lorsque Nuage d'Or sauta sur elle, bons nombres de souvenirs fusèrent en elle. Depuis qu'elle était devenue chef, elle avait eu peu de jeux avec les autres, et ce contact lui fit plaisir. Elle effectua une petite lèche sur le front de son apprenti, son tout premier, et lui dit :

« Clan des étoiles merci ! On ne t’a perdu ! »

Il fallait le dire, elle aussi avait eu peur. Très peur. Si Nuage d'Or était tombé sur les voleurs, que serait-il devenu à l'instant même ? Visiblement, ils étaient plusieurs, et surtout, puissants vu le nombre de proies attrapées. Elle voulut quand même s'assurer qu'il ne lui était rien arrivé :

« Tu n’as rien ? »

Un petit frisson parcourut son échine. Les coupables étaient-ils encore sur place ? Ou Nuage d'Or avait senti une odeur d'un clan ? Etoile de Glace regretta de ne pas avoir commencé par lui enseigner les frontières et les odeurs de chaque clan. Tant pis, ils feraient ça plus tard. Fronçant les sourcils, elle lui souffla tout bas :

« Montre-nous ça. »

Puis la meneuse suivit le rouquin, faisant au passage un signe de queue à Eclat de Coton, lui signifiant de les suivre lui-aussi, et de rester sur ses gardes.
Et plus ils avançaient, et plus la belle chatte réalisait que les lieux n'étaient plus si accueillants que tout à l'heure.

Troublée, Etoile de Glace ne répondit rien. Cette odeur, elle ne la connaissait pas. Peut-être avait-elle une faiblesse de passage, et ne se rappelait plus ce parfum, mais il lui semblait ne l'avoir jamais senti. Elle s'avança un peu plus loin, des petites traces sur le sol révélaient le passage de plus d'un individu. Ils n'étaient pas seuls, ces voleurs. C'était la seule chose sûre qu'il savait.

Le visage grave, elle souffla presque choquée :

« Je ... ne ... connais pas cette odeur. »

Ecœurée, elle revint en arrière, et ordonna à la petite troupe de la suivre.

« Rentrons au camp. »